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Pipol 12
Home Transmissions/Tiraillements

Allumer une lanterne dans la nuit du Nom-du-père – Camilo Ramírez

by Camilo Ramírez
15 mai 2025
in Transmissions/Tiraillements
L’éviction des langues privées : aporie contemporaine de l’abord du symptôme – Cécile Glineur
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Patronyme de Vanessa Springora frappe autant par la rigueur de sa démarche que par l’assomption d’un oser savoir à l’endroit même où tout joue en faveur du découragement. L’enquête qu’elle décide de mener dans l’après-coup du dévoilement contingent d’une zone d’horreur de l’histoire familiale, est un long périple où les obstacles sont légion. Sa position de sujet pour les affronter en faisant toute sa place à la responsabilité subjective de chacun, est remarquable.

Alors que son père, replié durant les dernières années de sa vie dans le mystère de sa folie, vient de décéder, Springora tombe sur deux photos du grand-père paternel, « un réfugié tchécoslovaque qu’on m’a toujours présenté comme un héros [1] ». Dès la lecture d’une mystérieuse lettre « S » [2] sur une tenue, entourée d’insignes nazis, l’écrivaine sait que le déchiffrement du point précis d’implication du grand-père dans la barbarie, va tout bouleverser. Il va jeter une lumière crue sur les points les plus opaques de la subjectivité familiale sur trois générations. Vacillements, lacunes, errances dans la jungle des archives, effroi devant chaque nouvelle piste patiemment dégagée, ne parviennent pas à lui faire détourner le regard. Ici vouloir savoir est un acte : celui de se montrer prête à en assumer aussi bien le chamboulement que l’éclairage qu’il apportera sur le point d’où elle lisait son histoire et regardait sa vie.

La façon dont Springora remonte le fil de son interrogation est de la même étoffe que la démarche analysante de celui qui ne s’arrête pas à l’horreur de savoir. Pari de suivre les traces d’une lettre volée, avec pour seul appui la prise en compte d’un ressenti infantile indexant un réel à débusquer : « Toute ma vie, j’ai été renvoyée à l’étrangeté de mon nom. […] Un sentiment confus de honte et d’illégitimité, pour ne pas dire d’imposture, fondait ensuite sur moi. [3] » L’écrivaine rebrousse chemin sur la route du Nom-du-Père dont les panneaux ont été tronqués, ne disposant pour s’orienter que des indices infimes : l’effacement d’une lettre, sa substitution par une autre, une découpe, un ajout. Pourtant le désir de savoir précède l’effraction du secret familial. Il trouve sa source dans le brouillard épais du Nom-du-Père et le trou creusé par la disparition dans la vie de Springora, depuis ses onze ans, de celui qui a passé sa vie à délirer sur des prouesses factices et à « créer un roman familial digne de la haute opinion qu’il avait de lui-même [4] » : « Ce à quoi me renvoyait ce nom, c’était à une origine nébuleuse, un ailleurs dont je ne savais rien et auquel j’ai longtemps refusé de m’intéresser, car il me venait d’un père qui avait déserté ma vie. [5] »

Elle avoue son mouvement premier de refermer durant deux ans ce chapitre du grand-père en tenue nazie. La pulsation de l’inconscient insiste et contrarie sa volonté de sommeil : « j’ai constaté chez moi une sorte d’inhibition dès qu’il s’agit de retrouver à brûle-pourpoint certains noms, en particulier ceux des écrivains et des artistes que je connais depuis toujours. [6] » Elle se résout à prendre acte de ces formations de l’inconscient : « Ce nom que m’a transmis mon père, seule chose qui me relie à lui désormais, je le tiens d’un éternel absent. [7] » Il lui faudra maintenant tirer un fil logique entre celui-ci et d’autres trous : « sur le certificat de baptême, les lettres du nom “Springer” sont très espacées et après le “r” final, un espace vide comporte un petit trou comme effectué par une braise de cigarette. […] après le “r” final du nom “Springer”, une lettre (invisible, parce qu’inexistante) donne l’impression d’avoir été gommée, ou effacée. [8] »

Fait notable, elle nous confie que son vouloir défricher ce qui gît derrière le nom de famille déformé, qu’elle a tenté de refouler, ne se rouvrira qu’avec le brusque réveil provoqué par le retour de la guerre en Europe. L’invasion de l’Ukraine par la Russie la remet face à un réel qu’elle ne veut plus éluder : « cette certitude de l’imminence d’une catastrophe, cette hantise de connaître moi aussi la guerre, sont revenus me tenailler, avec en surimpression la figure de mon grand-père. Sans autre explication, mon esprit s’est retourné vers le meuble ancien qui, depuis deux ans, gardait jalousement les secrets de ma famille paternelle. [9] »

 

[1] Springora V., Patronyme, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, 2025, p. 82.

[2] Ibid., p. 86.

[3] Ibid., p. 20-21.

[4] Ibid., p. 59.

[5] Ibid., p. 21.

[6] Ibid., p. 97.

[7] Ibid., p. 98.

[8] Ibid., p. 117.

[9] Ibid., p. 104.

 

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